Ce blog est parfois au second degré, merci de ne pas tout prendre littéralement et d'en tenir compte si vous devez laisser des commentaires.

lundi 14 mai 2012

Rillettes et valeurs



Nous avons tous, et c’est humain, cette propension à débattre du sexe des anges sans porter le moindre regard critique sur concept de paradis qui en est, avec l’idée même de Dieu, le postulat sous-jacent. C’est pareil en politique : on débat de solutions à des problèmes mal circoncis sans les replacer dans la perspective d'un but à atteindre et d'une vision de la société, objectifs remplacés par des mots creux vidés de leur sens et agglomérés (parfois de façon "oxymorique") sous le vocable de « valeurs » lequel ne veut absolument rien dire comme illustré il y a quelques années dans une pub célèbre pour les rillettes Bordeau-Chesnel.

Des mots creux que l’on définit par d’autres mots creux, sachant que le péquin moyen s’arrêtera au premier terme qu’il n’arrivera pas à conceptualiser, partant du principe que si c’est au-delà de sa compréhension c’est certainement profond et que le fait que les élites manient des abstractions qui lui sont inaccessibles les légitime dans le fait de prendre des décisions à sa place.

En fait la quasi-totalité des politiques et des intellectuels médiatiques sont des imposteurs qui nous vendent (pour faire une analogie bancaire) des produits dérivés dont ils sont eux-mêmes incapables de définir le contenu. La seule différence entre eux et nous c’est qu’ils ont lu une fiche comportant une dizaine de noms de philosophes ou d’économistes avec, en regard, pour chacun, l’idée force principale, le titre d’un bouquin et une citation. Ça suffit à donner le change dans la majorité des cas, surtout à la télé où personne, pour être imposteur soi-même, n’ira porter la contradiction au fond sur un sujet qu’il ne maîtrise qu’en apparence.

Il n’y a pas besoin d’avoir fait de longues études et de s’être pollué l’esprit par empilement de pensées philosophiques préfabriquées pour se poser les bonnes questions. Qu’est-ce qui fait que la vie vaut d’être vécue ? Si elle vaut d’être vécue est-ce qu’on veut sa propre survie, celle de ses enfants, celle de son espèce, celle de sa planète… et dans quel ordre de priorité ?  En répondant à ces questions, on fait un choix de société qui peut être plus ou moins égoïste, généreux, empathique ou rationnel et ce n’est qu’en fonction de ce choix que les problèmes peuvent être définis et qu’une solution peut leur être apportée.

Nos élites ont répondu à ces questions, nous non. Leur réponse c’est que :

« la vie ne vaut la peine d’être vécue que si je peux en jouir au maximum et que j’ai des esclaves pour me servir, peu importent les conséquences. Si mes enfants peuvent encore en profiter, tant mieux, sinon tant pis. De toutes façon le soleil s’éteindra un jour et nous avec, alors l’humanité je m’en tamponne ! ».

Si l’on ajoute à cela la dimension religieuse de certains laquelle relativise encore plus notre importance dans l’univers (surtout quand on se croit élu avec une place VIP réservée dans l’autre vie), on comprend mieux les décisions folles qui sont prises et la cupidité ambiante.

On comprend également pourquoi on se garde bien de définir les problématiques par rapport à un objectif avoué si ce n’est une mondialisation qui n’est pas une fin en soi mais juste, pour nos élites, un moyen de jouir davantage jusqu’au dernier moment et une évolution logique pour des entités virtuelles omnipotentes qui ont échappé à tout contrôle, y compris celui desdites élites qui en sont à la fois les maîtres et les esclaves, et qui ne recherchent, pour notre grand malheur, que le profit immédiat, exponentiel et mathématique.

En effet même si l’on admet qu’il y a eu et qu’il y a encore derrière l’avènement de l’oligarchie actuelle des desseins politiques, philosophiques, religieux voire mystiques, en basant son pouvoir sur une machinerie économique qui a besoin d’un mouvement perpétuel exponentiel pour fonctionner, ladite oligarchie a scié la branche sur laquelle elle est assise et alors que nous allons tout droit vers le mur et la catastrophe nucléaire majeure, le seul contrôle qui lui reste, sous peine de tout perdre, c’est l’accélérateur.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire