Ce blog est parfois au second degré, merci de ne pas tout prendre littéralement et d'en tenir compte si vous devez laisser des commentaires.

mardi 5 mai 2015

Tu quoque mia filia !



L’exclusion de Jean-Marie Le Pen, prend pour prétexte trois aspects de ses déclarations qui lèvent des questions de fond auxquelles le FN ne peut répondre sans perdre une partie de son électorat. Pour autant, s’il n’y répond pas, il risque d’en perdre encore davantage.

Le premier point concerne la retraite à 60 ans, le volet social et étatiste qui rebutent tous ceux qui, comme Jean-Marie Le Pen, sont encore englués dans un schéma droite-gauche dépassé et refusent tout pragmatisme en matière économique. Or, si le nouveau FN, et c’est là sa seule avancée positive, a développé de la sorte son volet social, ce n’est pas par idéologie ou par humanisme, mais simplement parce que, sans pouvoir d’achat, l’économie coule et que, sans contrôle de l’État, les grosses entreprises jouent contre l’intérêt national au profit de leurs actionnaires. Pareil pour la retraite, qui, si on la poussait à 100 ans demain, loin de résoudre quoi que ce soit, ferait simplement que l’on paierait de vieux chômeurs à la place de vieux retraités.

Le deuxième aspect qui a été relevé concerne la négation de la république version maçonnique (on est loin d’Athènes) en tant que système de gouvernement sacré et indépassable. Lorsque l’on sait (merci Marion Sigaut) que ladite république prétendument issue de 1789 trouve ses sources en Angleterre et est à la base de l’idéologie du capitalisme mondial qui, déjà, maquillait derrière des discours populistes la volonté de casser toutes les protections sociales de l’époque (garantie du prix du grain, congrégations professionnelles, éducation gratuite par l’église…) pour mettre en place la spéculation sur les produits alimentaires, le travail des enfants dès cinq ans, la fin de toute protection sociale etc. on peut comprendre que tout le monde ne soit pas inconditionnellement républicain.
Entre patriote et républicain, le FN doit choisir ses priorités. Tous les républicains ne sont pas patriotes, loin s’en faut et beaucoup de patriotes ne sont pas républicains. De mon point de vue, c’est de patriotes dont la France a besoin et en exclure certains au prétexte qu’ils seraient royalistes, communistes, anarchistes, pétainistes ou même fascistes revient à se priver de combattants acharnés prêts à donner leur vie pour une juste cause, commune qui plus est.

Enfin, pour franchir encore une étape dans l’échelle de ces tabous que nul n’a le droit de transgresser dans notre beau pays qui met rarement en pratique les concepts qu’il défend, le FN va devoir s’expliquer quant à sa position sur la religion de la Shoah et le fait qu’une élite juive s’arroge le droit de décréter ce qu’il est licite de dire ou de penser, le droit de décréter ce qui est drôle non, quels sont les gentils et les méchants, ce qui est sacré ou ne l’est pas. Quand, il y a seulement quelques jours, Elkabbach, lequel n’est pas spécialement auvergnat, intime quasiment l’ordre à Marine Le Pen d’aller visiter un camp de concentration ou de s’infliger le film de neuf heures « Shoah » ; là où Jean-Marie Le Pen aurait, en substance, répondu que sa Shoah il pouvait se la carrer dans son trou de balle, Marine se contente de ramper comme une serpillière et de dire « peut-être que j’irai !». La pauvre n’a toujours pas compris qu’il n’y a aucune limite à la soumission qu’on lui demande en échange de l’accès aux médias et que, même si elle coupe son père un petits morceaux avant de le donner aux cochons, se coiffe d’une kippa et ferme les yeux sur la Palestine, on continuera à la traiter comme une pestiférée et à lui envoyer les Femen lui pourrir ses manifestations.

Le courage, dans cette situation, ne consiste pas à poignarder dans le dos un vieil homme dont on n’hésite pas, par ailleurs, à faire du patronyme son fonds de commerce, mais bien à tenir tête à un système qui corrompt systématiquement tous ceux qui baissent leur garde ou font des concessions sur leurs principes et leur honneur. Comment peut-elle en permanence reprocher à ses adversaires de la diaboliser sur la base de soi-disant « valeurs » polymorphes et jamais définies tout en éjectant son propre père au nom de « valeurs » tout aussi floues ?

Si le FN devient un parti comme les autres il n’est plus qu’un faux espoir, un miroir aux alouettes, qui canalise les mécontentements pour les empêcher encore un peu de s’épandre dans la rue, le temps nécessaire pour que notre société soit totalement détruite.